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Mes Nuits Américaines
16 janvier 2011

Somewhere, parenthèse (dés)enchantée

SomewhereRécompensé d’un Lion d’Or au dernier Festival de Venise, Somewhere marque le retour de Sofia Coppola, qui, avec son quatrième film, continue de creuser son sillon d’icône du cinéma indépendant américain.

De Virgin Suicides à Marie-Antoinette en passant par Lost in Translation, Sofia Coppola a en effet su inventer un univers qui n’appartient qu’à elle, fait d’insouciance des plaisirs et d’intensité des chagrins. Somewhere est du même acabit, pour l’occasion, la réalisatrice sait se renouveler. Finie, l’épopée versaillaise pop et baroque de Marie-Antoinette ! Cette fois-ci, Sofia Coppola investit les murs d’un autre palace, le mythique Château Marmont, hôtel légendaire sur Sunset Boulevard à Los Angeles, connu pour son (soit-disant) culte du secret, et où depuis les années 1930, les stars hollywoodiennes du cinéma et de la musique viennent y faire leurs caprices et leurs bêtises. Pour n’en citer que quelques-uns : James Deans y auditionne pour La Fureur de vivre, Elizabeth Taylor y sauve la vie de Montgomery Clift, les membres de Led Zeppelin y font de la moto dans le hall d’entrée, Jim Morrisson y fait une chute vertigineuse en tentant de rejoindre sa chambre depuis le toit, John Belushi y meurt d’overdose et Helmut Newton d’un accident de voiture dans l’allée d’entrée, et Jean Harlow trompe son mari lors de sa lune de miel avec Clark Gable, installé quelques chambres plus loin. Comme une légère odeur de luxe et de luxure flotte dans les couloirs de l’hôtel dont Sofia Coppola, qui y a séjourné étant enfant, ressuscite quelques vieux fantômes et quelques vieux fantasmes.

Au cœur de cet univers artificiel et vaporeux, Johnny Marco, un acteur dont la célébrité n’est plus à faire, trompe son ennui devant les shows érotiques et maladroits de deux pin-ups de luxe, ou avec ses voisines de paliers. Jusqu’à ce que sa fille Cleo débarque et le sorte de sa solitaire torpeur. Avec cette intrigue qui tient en une ligne, Sofia Coppola fait le pari du film d’ambiance, fait de petits gestes qui font tout et de petits riens qui en disent tant, dans des moments de grâce dont elle seule a le secret. Grâce à une mise en scène minimaliste et une photographie épurée signée Harry Savides (qui a notamment travaillé avec Gus Van Sant), elle décrypte avec une grande justesse le rapport père-fille qui s’inverse, entre ce grand enfant qui tourne en rond dans sa chambre, et cette petite fille en plein flottement de l’adolescence.

Pour l’occasion, la réalisatrice ressuscite un acteur de seconde zone, Stephen Dorff, habitué aux rôles de jeune premier dans les années 1990 avant de connaître de connaître une traversée du désert la décennie suivante. Et nous fait (presque) découvrir la toute jeune Elle Fanning (petite sœur de la prometteuse Dakota), diaphane et évanescente comme les précédentes découvertes de la fille Coppola, Kirsten Dunst et Scarlett Johansson, mais dont l’innocence et la spontanéité est craquante. Le temps de quelques jours, tous deux vont tenter, le temps d’une parenthèse (dés)enchantée, de rattraper le temps perdu et de partager quelques moments de bonheur simple.

Musicalement aussi, Sofia Coppola opte pour le minimalisme en convoquant les morceaux les plus lancinants de ses amis (et amant) musiciens : Love Like A Sunset de Phoenix et I’ll Try Anything Once des Strokes, desquels s’échappe une mélancolie douce et envoûtante qui baigne tout le film.

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Somewhere, de Sofia Coppola

avec Stephen Dorff, Elle Fanning

Sortie le 5 janvier 2011

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