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Mes Nuits Américaines
16 janvier 2011

Incendies, tragédie époustouflante

IncendiesAvec Incendies, Denis Villeneuve adapte une pièce de Wajdi Mouawad et signe une tragédie familiale bouleversante. Incendies a de quoi faire les beaux jours du cinéma québécois.

A l’origine, il y a une trilogie théâtrale – Littoral, Incendies et Forêts, jouée dans son intégralité à Avignon en 2009 – signée par un des plus importants dramaturges contemporains, Wajdi Mouawad, un Canadien né au Liban qui a lui-même écrit et réalisé l’adaptation cinématographique du premier volet en 2004. Pour celle d’Incendies, c’est au tour d’un de ses compatriotes, Denis Villeneuve (Un 32 août sur la terre, Maëlstrom), de s’atteler à cette dure tâche de faire du cinéma avec du théâtre.

Et il n’est rien de dire que le pari est réussi, au vu de l’intensité employée par le réalisateur pour recomposer cette tragédie contemporaine aux résonnances mythologiques. A la mort de leur mère, deux jumeaux, Jeanne et Simon, reçoivent en guise de testament deux lettres, l’une qui doit être remise à un père qu’ils n’ont jamais connu, l’autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Lui, réticent, se renferme d’abord sur sa douleur. Elle, veut en savoir plus sur son passé et se lance dans une voyage identitaire qui devient parcours initiatique, à travers un Orient ravagé par les déchirures de la guerre civile, des meurtres et de l’exil. Une quête des origines qui remue les ruines d’un passé parfois évanoui, souvent enfoui, d’où surgissent des fantômes. Et notamment un fantôme, celui de Nawal, la Mère, qui se révèle terroriste et prisonnière de guerre, dont le sombre destin s’éclaire à la lumière de retours en arrière dont la fulgurante violence enflamme l’écran. Ce drame familial bouleversant captive par la force de son récit et la maestria de sa mise en scène.

Grâce à une réalisation d’une beauté fascinante, Denis Villeneuve réussit à retranscrire toute la puissance de ce drame du secret. De longs plans fixes et de très lents travellings, une image sublime signée André Turpin (réalisateur d’Un crabe dans la tête) et les lancinants morceaux de Radiohead You And Whose Army ? et Like Spinning Plates composent la partition esthétique de cette réflexion sur le pardon et la réconciliation. Pour incarner ce personnage trahi, humilié, martyrisé et déraciné, qui opère un virage radical pour prendre sa revanche, Lubna Azabal est proprement éblouissante, stupéfiante de pudeur, d’émotion et de souffrance en mère courage. De bout en bout, l’actrice enflamme l’écran de son interprétation viscérale. Un rôle qui a toute les chances de marquer durablement la carrière de celle qui débuta devant la caméra d’André Téchiné (Loin, 2001) avant de se faire remarquer dans le rôle de l’incandescente Naïma aux côtés de Romain Duris dans Exils de Tony Gatlif (2004).

Avec leurs feux ravageurs, ces Incendies ont de quoi faire les beaux jours du cinéma québécois.

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Incendies, de Denis Villeneuve

Avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxime Gaudette, Rémy Girard

Sortie le 12 janvier 2011

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