Morse
Adapté d’un best-seller de la littérature scandinave, Morse est une étonnante surprise d’une vraie maîtrise, qui se réapproprie à merveille le film fantastique.
C’est un film à glacer le sang que nous offre là Tomas Alfredson. Oskar est un jeune garçon un peu marginal, malmené par des élèves de sa classe, qui imagine dans la cour enneigée de son immeuble des scènes de vengeance. Jusqu'à ce qu'il rencontre Eli, nouvellement arrivée, avec qui il se lie d’amitié. L’arrivée d’Eli, qui ne sort que la nuit et en T-shirt malgré le froid, coïncide étrangement avec une série de meurtres sanglants et mystérieux. Alfredson s’empare de cette histoire d’enfants et de vampires dans une mise en scène d’une beauté glaciale. La nuit noire tranche avec la lumière froide des néons. La neige qui tombe alourdit le silence qui se fait pesant. A la croisée entre film d’horreur, conte d’initiation et romance tragique, le film brille par sa mise en scène d’une poésie à la fois douce et violente. L’horreur surgit subrepticement dans l’histoire de ce petit blondinet vivant une relation platonique avec un être qui s’abreuve de sang pour survivre. Deux êtres marginaux qui, ensemble, brisent la solitude de leur quotidien et se réfugient dans un monde à eux, loin des nécessités de la vie sociale. Quant à la violence des meurtres, elle est toute symbolique et tranche avec la sérénité qui se dégage des paysages enneigés où elle a lieu. Le film est une véritable réussite tant par l’originalité et la maîtrise de la mise en scène que par l’atmosphère inquiétante qui s’en dégage, qui joue bien plus sur l’émotion que sur la peur. (Thomas Lapointe)
Morse, de Tomas Alfredson
avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar
Sortie le 4 février 2009