Les Trois Singes

Couronné du prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan nous offre une plongée au cœur d’une famille où les secrets, les non-dits et le mensonge vont faire éclater les cœurs et les esprits.

Chacun des trois singes de la sagesse se cache une partie du visage avec ses mains : le premier se cache les yeux, le deuxième les oreilles et le troisième la bouche : « Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal ». C’est de cette fable japonaise que s’inspire le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan. Après deux cousins dans Uzak et un couple dans Les Climats, le cinéaste explore les rapports d’une famille au bord de l’implosion, rongée par le secret et le mensonge. Le père, la mère, le fils. La cellule familiale réduite à sa quintessence, qui opte pour la politique de l’autruche et refuse de voir la vérité en face, afin de rester unie. Une histoire forte, faite de non-dits, et de regards qui en disent longs. Chaque personnage est un coffre-fort rempli de sentiments réprimés. De là, l’incommunicabilité des êtres. Malheureusement, malgré quelques scènes d’une intensité qui bouleverse, le récit s’étiole et nous abandonne peu à peu, à cause d’une mise en scène au formalisme trop appuyé (quelle utilité de ce filtre de couleur tout au long du film ?). Le film en perd de la valeur, et l’étude des sentiments qui faisait la marque du cinéma de Ceylan en prend un coup. (Thomas Lapointe)

Les Trois Singes, de Nuri Bilge Ceylan

avec Yavuz Bingol, Hatice Aslan, Ahmet Rifat Sungar

Sortie le 14 janvier 2009