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Mes Nuits Américaines
10 mars 2011

Never Let Me Go, drame sobre et émouvant

Never_Let_Me_GoAvec Never Let Me Go, Mark Romanek signe une adaptation sobre et touchante du roman de Kazuo Ishiguro.

Après avoir réalisé de nombreux clips pour des artistes comme Nine Inch Nails, Michael Jackson, Madonna, Beck, les Red Hot Chili Peppers, Lenny Kravitz ou R.E.M., Mark Romanek s’est mis au cinéma en 2002 avec Photo Obsession. Huit ans après, il revient avec Never Let Me Go, adapté du best-seller de Kazuo Ishiguro paru en 2005, Auprès de moi toujours. On se souvient de la magnifique adaptation faite par James Ivory en 1993 d’un autre des romans de l’écrivain britannique, Les Vestiges du jour, avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, qui mettait en scène les doutes et les tourments du majordome d’une grande famille anglaise.

Never Let Me Go suit le parcours de trois jeunes gens, Ruth, Kathy et Tommy, élevés dans un pensionnat à l’écart du monde et dont l’existence n’a comme finalité que de servir de donneur d’organes une fois adultes. Condamnés à vivre pour mourir et conscients de ce qui doit leur arriver, ils ont choisi, tout conditionnés qu’ils ont été depuis leur enfance, de se plier à leur destin, sans même avoir l’idée de se révolter. Ce qui ne les empêche pas, bien au contraire, de profiter de l’instant. Et de découvrir ce que sont les sentiments, l’amour et la sexualité, avant de ne plus avoir les moyens de le faire.

Dans un univers presque atemporel, à la fois étrange et familier, entre chronique passée réaliste et film d’anticipation dénué de tout effet, Never Let Me Go pourrait n’être qu’un simple drame romantique s’il n’instillait pas par touches discrètes mais récurrentes  quelques indices qui laissent à penser que ce monde n’est pas vraiment le nôtre (à l’image de ce bracelet électronique que tous doivent « valider » à chaque fois qu’ils rentrent ou sortent de chez eux).

 

Pour mettre en scène cette réflexion puissante sur la valeur et la singularité de la vie humaine, Mark Romanek fait le choix de la sobriété. Grâce à la photographie soignée et lumineuse d’Adam Kimmel (remarqué avec Truman Capote), un travail sur le son, souvent atténué voire étouffé, et une composition musicale apaisée signée Rachel Portman (oscarisée pour la B.O. d’Emma l’entremetteuse de Douglas McGrath), Never Let Me Go distille une poésie calme et une mélancolie triste d’où naissent des émotions intériorisées, jamais exacerbées,  mais qui remuent pourtant en profondeur. Et nous, spectateurs, de bouillonner de frustration devant ces destins condamnés qui n’ont même pas, ne serait-ce qu’une seconde, l’idée de s’élever contre la destinée tragique qu’on leur a imposée. Car, finalement, là n’est pas la question. Never Let Me Go n’est pas tant l’histoire de « comment je vais faire pour contrer cette situation inacceptable dans laquelle je me trouve ? » que de « comment je  vais faire pour vivre avec et en profiter ? ». Questions auxquelles la voix off doucereuse de Carey Mulligan/Kathy H. vient apporter une dimension nostalgique.

En faisant appel à la fine fleur du cinéma anglo-saxon, Mark Romanek a su illuminer de l’intérieur ce film sombre, grâce aux interprétations subtiles et tout en retenue de ses trois acteurs : Keira Knightley, qui continue de prouver en toute modestie son talent de comédienne avec ce rôle entre séduction et souffrance ; Carey Mulligan, sage, simple et émouvante, qui, deux ans après sa révélation dans Une Education (et sa nomination aux Oscars), continue de tracer son petit bonhomme de chemin vers la reconnaissance ; et Andrew Garfield, qui, après sa prestation fabuleuse dans Boy A et son second rôle émouvant dans The Social Network (et avant d’endosser les habits de Spiderman), livre à nouveau une prestation pleine de violence et d’amour, et s’impose comme un des jeunes espoirs américains. Tous trois endossent les habits de ces jeunes innocents émerveillés face au monde qu’ils connaissent à peine et aux relations humaines qu’ils maitrisent mal, et forment un triangle amoureux où se mêlent confusion des sentiments et désespoir résigné.

Un beau film, étonnant, pudique, tragique.

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Never Let Me Go de Mark Romanek

avec Keira Knightley, Andrew Garfield, Carey Mulligan, Charlotte Rampling, Sally Hawkins, Nathalie Richard

Sortie le 2 mars 2011

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