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Mes Nuits Américaines
18 juillet 2010

Tournée, éloge de la chair

Tourn_eRécompensé du Prix de la Mise en scène au dernier Festival de Cannes, Tournée, quatrième film de l’acteur-réalisateur Mathieu Amalric, est un petit bijou de sensualité et de mélancolie.

Elles se prénomment Mimi Le Meaux (prononcer Miaou !), Kitten on the Keys, Dirty Martini, Julie Atlas Muz ou Evie Lovelle. Reines au corps et au cœur généreux, princesses des faux-cils, des plumes et des paillettes, ces effeuilleuses du New Burlesque, qui rendent hommage aux cabarets de la fin du XIXe siècle et aux pin-ups des années 1950, crèvent littéralement l’écran. Des corps aux antipodes des canons habituels de la beauté qui révèlent de véritables  tempéraments d’actrices, à mi-chemin entre les mamma de Fellini et les transsexuelles de John Waters. Au milieu de ces excès de chair et d’esprit, on en oublie pas pour autant le grand orchestrateur et improvisateur, Joachim Zand, interprété par Amalric, petit producteur revenu des Etats-Unis avec dans sa valise cette belle brochette de femmes callipyges, qu’il présente de port en port – Le Havre, Nantes, La Rochelle, Toulon... « If Le Havre loves you, France is gonna love you ». Avec en apothéose, la possibilité de se produire dans la capitale, promesse qu’il a faite à ses filles pour qu’elles le suivent en France. Sauf qu’à Paris, monsieur est persona non grata (c’est une longue histoire !) et pas moyen de trouver quelqu’un pour l’aider. Toutes les portes auxquelles il frappe se referment les unes après les autres.

A la fois road-movie mélancolique, conte poétique et comédie du fantasme, Tournée est une formidable réussite sur laquelle souffle un vent de liberté. En coulisse comme sur scène, le cinéaste capte avec grâce et élégance des moments d’intimité joyeuse ou des mini-rencontres inattendues. Le film est un spectacle de tous les instants, empreint d’une touche charnelle et émotionnelle, qui respire la sensualité par tous les pores de la peau de ces corps dénudés. Une ode à la jouissance, drôle et touchante, où l’anodin se transforme en sublime sous le regard tendre et désenchanté d’Amalric. Un coup de poing qui apporte une énergie toute américaine (cassavetienne, dit-on) dans le cinéma d’auteur français, à l’image de ce cri que pousse Joachim Zand face caméra à la fin du film sur le « Have Love Will Travel » de Sonics. Singulier et entêtant ! (Thomas Lapointe)

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Tournée, de Mathieu Amalric

avec Mathieu Amalric, Mimi Le Meaux, Kitty on the Keys, Dirty Martiny…

Sortie le 30 juin 2010

tourn_e

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