CANNES 2010 - Compétition Officielle : les longs-métrages

Du 12 au 23 mai, Cannes redevient la capitale du cinéma. La sélection officielle de cette 63^e édition, annoncée le 15 avril par l’inusable duo à la tête du Festival (Gilles Jacob, président, et Thierry Frémaux, délégué général), comprend 18 films venus des cinq continents, par lesquels trois films français : Des dieux et des hommes, de Xavier Beauvois, Tournée, de Mathieu Amalric et La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier. A noter que la plupart des cinéastes sont plutôt des habitués de la Croisette, et deux d’entre eux ont même déjà été palmedorisé : Mike Leigh pour Secrets et Mensonges en 1996 et Abbas Kiarostami pour Le Goût de la cerise l’année suivante. Le Tchad et l’Ukraine présenteront, quant à eux, pour la toute première fois un film en compétition officielle. Tandis que le Robin des Bois de Ridley Scott, avec en tête d’affiche Russell Crowe, fera l’ouverture du Festival.

Tournée (On Tour) de Mathieu AMALRIC - France
Avec Mathieu Amalric, Mimi Le Meaux, Kitten On The Days, Dirty Martini...

Habitué du Festival de Cannes en tant qu’acteur, Mathieu Amalric avait déjà présenté son troisième film, La Chose publique, à la Quinzaine des Réalisateurs en 2003. Mais, avec Tournée, c’est la première fois qu’un de ses films est en compétition officielle. Celui-ci suit l’histoire d’un producteur de spectacles exilé aux Etats-Unis, de retour en France. Avec dans sa valise une revue de strip-tease burlesque pleine d’excès, de kitsch et de grivoiserie. Mais malheureusement, à la capitale, monsieur est persona non grata.

Des hommes et des dieux (Of God and Men) de Xavier BEAUVOIS - France
Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Sabrina Ouazani, Roschdy Zem...

Dans ce film, Xavier Beauvois s'attaque à l'enlèvement puis l'assassinat des sept moines trappistes du monastère de Tibbhirine, pendant la guerre civile en Algérie en 1996, acte longtemps attribué au Groupe Islamiste Armé, avant qu'un général français à la retraite n'évoque une bavurede l'armée algérienne. Lambert Wilson incarne le rôle principal de ce film qui, pour des raisons de sécurité, n'a pas été tourné en Algérie, mais au Maric. Un retour sur la Croisette attendu pour Beauvois, quinze ans après son prix du Jury pour N'oublie pas que tu vas mourir.

Hors la loi (Outside of the Law) de Rachid BOUCHAREB
Avec Sami Bouajila, Jamel Debbouze, Roschdy Zem…

Quatre ans après Indigènes, Rachid Bouchareb retrouve la même bande d’acteurs (vainqueur collectif en 2006 du prix d’interprétation) pour la suite de leur histoire. Le film retrace le parcours de trois frères dont la famille a été chassée et qui ont survécu aux massacres de Sétif en 1945. Arrivés en France, ils s’engagent pour l’indépendance de leur pays, mais la Bataille de Paris, opposant le FLN à la Police française, va finir de les opposer et de les déchirer.

Biutiful de Alejandro GONZALEZ IÑARRITU
Avec Javier Bardem, Ruben Ochandiano, Blanca Portillo...

Grand Prix de la Semaine de la Critique en 2000 pour Amours chiennes, Prix de la Mise en scène en 2006 pour Babel, Alejandro Gonzalez Iñarritu est un habitué de la Croisette. Dans ce film, Javier Bardem endosse le rôle d’un dealer, qui, par les malheureux hasards de la vie, retrouve un ami d’enfance devenu flic. Malgré l’absence au scénario de son complice habituel Guillermo Arriaga, qui vole désormais de ses propres ailes, Iñarritu retrouve toutefois le directeur de la photographie Rodrigo Prieto et le compositeur Gustavo Santaolalla.

Un homme qui crie (A Screaming Man) de Mahamat SALEH HAROUN - Tchad
Avec Youssouf Diaoro, Douc Koma…

Bien que Mahamat Salem Haroun soit déjà venu à Cannes présenter Abouna en 2002 à la Quinzaine des Réalisateurs, le réalisateur de Bye Bye Africa et Daratt, saison sèche représentera pour la première fois le Tchad en compétition. Sur fond de guerre civile, le film raconte l’histoire d’un sexagénaire, ancien champion de natation, qui voit son avenir s’assombrir quand son fils, sans l’aide duquel il ne pourrait pas vivre, est poussé par le gouvernement à abandonner son emploi et à participer à l’effort de guerre.

The Housemaid de IM Sang -soo - Corée du Sud

Avec Lee Jeong-jae, Jeon Do-yeon...

Avec ce remake de La Servante, classique coréen des années 1960 réalisé par Kim Ki-Young, Im Sang-soo (à ne pas confondre avec son compatriote Hong Sang-soo, lui aussi en compétition dans la section Un Certain Regard avec Ha Ha Ha) participera pour la première fois à la compétition officielle, après avoir présenté The President's Last Bang à la Quinzaine des Réalisateurs en 2005. Le film raconte les atermoiements d'un couple qui attend un troisième enfant et vient d'emménager dans un nouvel appartement, alors que monsieur vient d'entamer une liaison avec la servante nouvellement engagée.

Copie Conforme (Certified Copy) d’Abbas KIAROSTAMI - Iran

Avec Juliette Binoche, William Shimmel...

A Cannes, Abbas Kiarostami est un peu comme chez lui : neuf de ses films présentés dans les différentes sections du Festival, lui-même trois fois membre des différents jurys, et surtout Palme d’Or pour Le Goût de la Cerise en 1997. Avec ce nouveau film, le cinéaste iranien sort pour la première fois de ses frontières et situe en Toscane la rencontre entre un écrivain anglo-saxon et une galeriste française sur fond de questionnement sur les relations entre l’original et la copie en art. Kiarostami entrera-t-il dans le club fermé des réalisateurs doublement palmés, aux côtés de Bille August, Francis Ford Coppola, Shohei Imamura, Emir Kusturica et les Frères Dardenne ?

Outrage de Takeshi KITANO - Japon
Avec Takeshi Kitano, Jun Kunimura, Ryo Kase, Renji Ishibashi...

Venu à Cannes trois fois en tant qu’acteur (Furyo, Compétition, 1993 ; Tokyo Eyes, Un Certain Regard, 1998 ; Tabou, Compétition, 2000) et trois fois en tant que réalisateur (Sonatine, Un Certain Regard, 1993, Kids Return, Quinzaine des Réalisateurs, 1996 ; L’été de Kikujiro, Compétition, 1999), mais sans jamais remporter de prix, Takeshi Kitano revient, avec Outrage, au film de yakuza. Il tient lui-même le rôle de chef yakuza de bas étage chargé d’effectuer le sale boulot pour son supérieur, dans ce film violent qui dépeint les conflits de force entre différents gangs de Tokyo.

Poetry de LEE Chang-Dong - Corée du Sud

Avec Yoon Jeong-Hee, Da-Wit Lee...

Lee Chang-Dong, qui fut d’abord écrivain avant de passer à la réalisation, est déjà venu trois fois à Cannes avec Peppermint Candy (Quinzaine des Réalisateurs, 2000) et Secret Sunshine (Compétition officielle, 2007), qui valut à l’actrice Do-Yeon Jon le prix d’interprétation, ainsi qu’en tant que membre du jury l’année dernière. Avec ce cinquième long-métrage, le réalisateur coréen signe un nouveau mélodrame mettant en scène une grand-mère atteinte d’Alzheimer qui tente de remettre son petit-fils qu’elle élève seule sur le droit chemin.

Another Year de Mike LEIGH - Angleterre
Avec Imelda Staunton, Jim Broadbent, Philip Davis, Stuart McQuarrie...

Encore un habitué : prix de la Mise en scène en 1993 pour Naked, Palme d’Or et prix d’interprétation (pour Brenda Blethyn) en 1996 avec Secrets et mensonges, membre du jury en 1997, et simplement en compétition en 2002 avec All or Nothing, Mike Leigh revient pour la cinquième fois en compétition. Pour l’occasion, il retrouve Imelda Staunton, son interprète de Vera Drake, dans ce film dont on ne connaît pas encore l’intrigue, si ce n’est que, comme à son habitude, le réalisateur britannique a conçu son récit en observant et développant la personnalité de ses protagonistes. Encore un candidat possible à la double Palme d’or ?

Fair Game de Doug LIMAN - Etats-Unis

Avec Naomi Watts, Sean Penn, Bruce McGill...

Pour la première fois à Cannes, le réalisateur américain Doug Liman réunit à nouveau le duo Noami Watts-Sean Penn (déjà au générique de 21 grammes d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, et de The Assassination of Richard Nixon, de Niels Mueller) dans ce film tiré de faits réels. Lors d’une enquête au Niger, Joseph Wilson, officiel américain, découvre que les documents ayant servi à l’administration Bush à déclencher la guerre en Irak sont faux. Afin de discréditer ses découvertes, les activités de sa femme pour le compte de la CIA sont alors divulguées dans la presse.

My Joy (Mon Bonheur) de Sergeï LOZNITSA – Ukraine

Avec Olga Shuvalova, Vladimir Golovine...

Double première avec My joy : premier long-métrage ukrainien en compétition au Festival de Cannes (l’Ukraine avait toutefois remporté la Palme d’Or du court-métrage en 2005 avec Voyageurs d’Igor Strembitsky), mais aussi premier long-métrage de fiction pour le réalisateur Sergeï Loznitsa, plutôt habitué aux documentaires. Le film retrace la descente aux enfers de Georgi, un camionneur happé par la folie ambiante de son pays en pleine crise existentielle, dans une mise en scène réaliste interprétée par des non-professionnels.

La Nostra Vita (Our Life) de Daniele LUCHETTI - Italie

Avec Raoul Bova, Giorgio Colangeli, Elio Germano, Riccardo Scamarcio...

Quatrième passage sur la Croisette pour Daniele Luchetti après Domani, Domani (Un Certain Regard, 1988), Le Porteur de serviette (Compétition officielle, 1991) et Mon frère est fils unique (Un Certain Regard, 2007). Dans La Nostra Vita, Elio Germano incarne un ouvrier italien qui trouve dans la fait de gagner de l'argent illégalement un palliatif au traumatisme du deuil qu'il doit affronter. A noter la présence au générique de Riccardo Scamarcio, à l'affiche ses derniers temps de presque tous les films italiens qui sortent en France.

Utomlyonnye Solntsem 2 de Nikita MIKHALKOV - Russie

Avec Nikita Mikhalkov, Oleg Menshikov, Mikhail Yefremov...

En 1994, Soleil Trompeur, de Nikita Mikhalkov, recevait le Grand Prix du Jury à Cannes. Seize ans après, le réalisateur russe revient à Cannes avec la suite de son histoire. On devrait donc retrouver le colonel Sergueï Kotov, héros de la Révolution bolchévique mais arrêté par le régime stalinien, prisonnier dans un goulag, duquel il réussit à s’échapper lorsque l’Allemagne nazie envahit l’URSS en 1941. Mikhalkov était également venu à Cannes en  1987 avec Les Yeux noirs (Compétition officielle) et en 1999 avec Le Barbier de Sibérie (Hors Compétition).

Tender son - The Frankenstein Project de Kornel Mundruczo - Hongrie

Avec Kornel Mundruczo, Lili Monori, Miklos Szekely B...

Présent en compétition en 2008 avec Delta, le cinéaste hongrois Kornel Mundruczo présente ici son dernier film consacré à l'histoire de Frankenstein, d'après l'oeuvre de Mary Shelley. Le réalisateur avait d'abord proté son projet sur scène, avant d'en faire un film. Cette histoire, maintes fois mise en image, lui permet d''exposer et de fouiller le ressort de la tension entre le créateur et sa création pour observer, en terrain trouble, ce qu'il en est du rapport à l'autre et à l'anormal.

La princesse de Montpensier (The Princess of Montpensier) de Bertrand TAVERNIER - France

Avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Lambert Wilson...

Dans ce film en costumes adapté de la nouvelle de Madame de La Fayette, Bertrand Tavernier s’est entouré d’une jeune génération d’acteurs : Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personaz et Mélanie Thierry en jeune princesse qui fait chavirer le cœur d’un duc, d’un comte et d’un prince. Tavernier est venu pour la première fois sur la Croisette en 1976 avec Le Juge et l’assassin, présenté en Section parallèle, avant de présenter en Compétition officielle Une semaine de vacances (1980), Un dimanche à la campagne (Prix de la Mise en scène, 1984) et Daddy Nostalgie (1990).

Loong Boonmee Raleuk Chaat (Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives), de Apichatpong WEERASETHAKUL - Thaïlande

Apichatpong Weerasethakul est presque né à Cannes. Passé par la Cinéfondation, il reçoit en 2002 le Prix Un Certain Regard pour Blissfully Yours, puis le Prix du Jury en 2004 pour Tropical Malady, avant de présenter deux courts-métrages à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007 et d'être membre du Jury en 2008. Pour ce troisième film en compétition, le cinéaste thaïlandais nous plonge dans un monde à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Oncle Boonmee, vieillard malade, quitte l'hôpital pour retourner dans sa maison de campagne où il retrouve une multitude de fantômes et d'esprits réincarnés.

Rizhao Chongqing (Chongqing Blues) de WANG Xiaoshuai - Chine

Avec Wang Xueqi, Fan Bingbing, Qin Hao, Li Lingyu, Wang Kuirong...

Le réalisateur chinois de Beijing Bicycle est déjà venu trois fois sur la Croisette, où il a présenté So Close To Paradise (1999) et The Drifters (2003) à la section Un Certain Regard, avant de revenir en Compétition officielle en 2005 avec Shanghaï Dreams. Dans ce film, Lin Quanhai, marin de métier, voit peu sa famille. Lorsqu’il retourne chez lui, il apprend la mort tragique de son fils. Sa recherche de la vérité l’entraîne dans une quête intérieure.

 

Route Irish de Ken Loach - Etats-Unis

Sélection de dernière minute pour le nouveau film de Ken Loach, après être reparti bredouille l'année dernière avec Looking for Eric (si ce n'est le prix du Jury oecumenique). Pour sa dixième venue sur la Croisette, le réalisateur présente son 17e long-métrage qui nous plonge dans la violence de la guerre en Irak, où deux amis, agents de sécurité, risquent leur vie. Lorsque l'un d'eux meurt, l'autre jure de découvrir les véritables circonstances de sa mort sur le Route Irish, qui relie la zone internationale à l'aéroport de Bagdad. Il y a 4 ans, Ken Loach avait déjà remporté la Palme d'or avec Le Vent se lève.