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Mes Nuits Américaines
23 février 2010

Mr. Nobody

Mr                Il a fallu attendre longtemps avant de pouvoir découvrir le nouveau film de Jaco van Dormael, le réalisateur de Toto le héros. D’une part, parce que cela lui a pris sept ans avant d’arriver à mettre un terme à l’écriture du scénario. D’autre part, parce que la sortie de Mr Nobody n’a cessé d’être retardée, notamment en raison des réactions suite à la projection d’une première mouture à Cannes qui l’ont obligé à remonter entièrement le film. Et nous voilà finalement devant cette deuxième version travaillée, triturée même, jusqu’à plus soif. Un grand bric-à-brac visuel qui part dans toutes les directions… Ca passe ou ça casse !

                Sur le quai de la gare, un père, une mère, leur fils. La mère monte dans le train, le père reste sur le quai, et l’enfant… ? L’enfant doit faire un choix. On lui impose de faire un choix, mais il hésite… Et pourquoi pas ne pas faire de choix, vivre toutes les vies possibles ? Voilà le point de départ d’une odyssée vertigineuse et insaisissable, qui fait fi de tout réalisme dans sa construction et nous fait passer d’une vie à l’autre sans transition et pourtant avec une grande cohérence. Une plongée dans un univers esthétique unique qui bouillonne d’idées et de trouvailles visuelles, où le réalisateur explore les moindres recoins d’une imagination sans borne. Mr Nobody est à la fois un poème filmé truffé de références cinématographiques qui prend vie grâce au travail du directeur de la photographie Christophe Beaucarne (Peindre ou faire l’amour, Paris, Coco avant Chanel…) et un labyrinthe temporel qui navigue d’un possible à l’autre sans pour autant s’enliser dans un récit incompréhensible. Toutefois, on regrettera le questionnement philosophique fumeux et lourdingue sur le déterminisme et le principe d’entropie qui ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes : la vaisselle qui se brise ne se reconstituera pas toute seule, la fumée de cigarette qui s’échappe ne retourne jamais là d’où elle vient, la sauce mélangée à la purée ne peut plus s’en séparer… et comme l’univers sans cesse en expansion, l’homme va vers son avenir sans pouvoir remonter le temps (ah bon, c’est vrai ? on ne peut pas remonter le temps ? merde alors… moi qui croyais que…). Il n’en reste pas moins, au final, un beau film sur la difficulté de faire des choix, sur la puissance et les faiblesses de l’imagination, porté par un casting plus qu’intéressant, mais dont le propos vain et prétentieux laisse parfois de marbre. Où Jaco van Dormael a-t-il bien voulu nous emmener ? Pas la moindre idée… (Thomas Lapointe)

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Mr Nobody, de Jaco van Dormael

Avec Jared Leto, Lin Dan-Pham, Diane Kruger, Sarah Polley…

Sortie le 13 janvier 2010

mr_nobody

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