Mademoiselle Chambon

                En portant à l’écran le roman d’Eric Holder, Stéphane Brizé illumine un récit amoureux d’une extrême simplicité.

Dans la lignée de son précédent film Je ne suis pas là pour être aimé avec Anne Consigny et Patrick Chesnais, le réalisateur met ici en scène avec une grande sobriété l’histoire d’amour impossible d’un maçon pour l’institutrice de son fils, mademoiselle Chambon. Sur la base d’un scénario très simple (un triangle amoureux, thème ô combien rebattu au cinéma), Stéphane Brizé livre une étude des sentiments subtile, sans grandiloquence, et s’avère être un brillant directeur d’acteurs. Sandrine Kiberlain, en institutrice sans attache, Vincent Lindon, en père de famille d’un coup bouleversé, Aure Atika en femme sur le point d’être trompée, Jean-Marc Thibault en grand-père sur le seuil de la mort, sont exceptionnels de retenue et de force. Ils parlent peu mais ressentent beaucoup. Ce drame en sourdine surprend et séduit par l’épure de sa mise en scène. Les regards s’évitent, les silences en disent long. On pleure, mais toujours en silence. Au cœur du film, l’unique scène de baiser, point culminant de cette sensibilité minimaliste, où les violons de Franz von Vecsey, d’un coup, brisent les cœurs, bouleverse par sa modestie. La réussite du film, qui transcende véritablement le récit d’Eric Holder, tient dans son courage de filmer avec simplicité des sentiments complexes sur un rythme alangui. Une histoire somme toute banale, mais au fond très belle. (Thomas Lapointe)

Mademoiselle Chambon, de Stéphane Brizé

avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, Aure Atika, Jean-Marc Thibault

Sortie le 14 octobre 2009