La journée de la jupe

31 mars 2009

La journée de la jupe, c’est clairement l’anti-Entre les murs, qui porte pourtant un regard complémentaire sur l’école d’aujourd’hui. Et l’occasion de retrouver une Isabelle Adjani dynamitée.

L’histoire est celle : dans un collège de banlieue, un professeur exaspérée par le comportement insupportable de ses élèves pète littéralement les plombs et les prend en otage. L’occasion pour elle de révéler les paradoxes du système éducatif. Le film de Jean-Paul Lilienfeld ne brosse absolument pas le spectateur dans le sens du poil, et refuse clairement tout politiquement correct vis-à-vis de ses jeunes de banlieues, que plus d’un qualifierait de « racailles ». Les garçons se battent et les filles s’insultent et vice-versa. Mais le basculement de situation, lorsque le professeur de français reprend le dessus, le flingue à la main, va mettre à mal toutes les idées préconçues. Ce qui marque immédiatement dans ce film, c’est l’exagération, qui confine parfois au cliché des personnages et des discours. Mais, si cela parait de temps en temps grossier, le sens y est, les idées passent. Isabelle Adjani, qui déboulonne pour l’occasion son statut de star, est remarquable. Au cœur du film, elle met abandonne son apparente fragilité et rentre dans ce rôle de femme à bout de nerfs avec une simplicité et un talent captivant. Elle a le don de cracher des vérités cinglantes au visage de ses élèves pour une fois à l’écoute. Sa position de domination la fait entrer dans une ironie cynique et un humour noir terrifiant et fascinant, confinant à la folie. Elle se prend facilement au jeu de ses élèves, et quand un d’eux, déjà blessé, l’insulte de « fils de pute », elle réplique d’un coup de boule, imitant Zidane, l’idole de ses jeunes qui veulent tous devenir footballeurs. Il y a de la jubilation évidente chez elle à pouvoir rendre la monnaie de la pièce pour tout ce qu’elle a enduré pendant sa carrière. Le film se propose clairement de traiter de questions sur le système éducatif, les problèmes des banlieues et notamment de la condition des femmes. Le discours peut parfois sembler enfoncer des portes ouvertes, mais des portes ouvertes qu’il est toujours nécessaire d’enfoncer. Et, même si le scénario est parfois très exagéré, le film parle avec intensité. Ce huis-clos déroutant et original nous fait passer du rire aux larmes, de la colère à la réflexion. (Thomas Lapointe)

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